Aurélie Stocq a 36 ans. Elle est depuis 2012 la présidente du PTB à Seraing. Elle est coordinatrice à Médecine pour le Peuple, située Place Merlot, qui pratique la médecine gratuite grâce au système du forfait. Nous l'avons rencontrée à un an des élections communales…
Pourquoi t'es-tu engagée au PTB ?
Très jeune déjà, j’étais révoltée par les injustices. Pendant mes études d'histoire, j'ai rencontré le mouvement étudiant du PTB dont je suis devenue membre. Ca rejoignait mon envie de bouger pour un monde plus juste. À l'époque, nous militions pour un enseignement supérieur accessible à tous. Nous faisions aussi des visites de solidarité aux travailleurs en lutte. Je me souviens par exemple que nous avons été rencontrer les travailleurs de Ford au piquet de grève, lors de l’annonce des premières suppressions d'emplois. Nous étions également actifs en soutien aux réfugiés.
Et aujourd'hui, tu travailles à Médecine pour le Peuple à Seraing.
Oui, et ce n’est pas un hasard. La question de l’accès aux soins de santé est essentielle. En maison médicale, nous avons un système qui permet aux patients de se faire soigner sans devoir sortir leur portefeuille. Aujourd’hui, en Belgique, dans un pays riche, beaucoup trop de gens ne savent pas se soigner. Et ça empire. En devenant maman, je me suis aussi rendue compte de la manière dont l’inégalité touche les enfants au quotidien. Chaque jour, je suis confrontée aux ravages du chômage et de la pauvreté. Quelque chose ne tourne pas rond dans la société dans laquelle nous vivons.
Quel lien fais-tu avec le PTB ?
Notre devise est « Les Gens d’abord, pas le profit ». Et pour y arriver, nous avons besoin d’un parti des travailleurs, qui rassemble tous ceux qui veulent bouger pour une société plus juste, qui respecte les gens et la nature. Un parti qui permet de mener efficacement le combat pour l'emploi et contre les injustices. C'est pour cela que je me suis engagée au PTB et que j’ai rejoint depuis 2005 la section du PTB-Seraing. Depuis que j’y suis, nous avons mené beaucoup de combats. Contre la fermeture des bureaux de poste dans les quartiers, de la banque Fortis au Pairay, pour un système de tri et de ramassage des déchets adapté à notre commune, pour le maintien de lignes de bus, pour l’emploi et le maintien de la sidérurgie…
C'est vrai qu'on voit beaucoup le PTB à Seraing. Que voulez-vous changer ?
D'abord, je dois dire que Seraing est une ville que j'aime énormément et qui a beaucoup de potentiel. Elle possède la richesse de son histoire ouvrière et solidaire. J’en apprécie la chaleur humaine et toute la diversité qui s’y retrouve. Même si dans certains quartiers la pauvreté isole de plus en plus de gens.
Des choses à changer ? Il y en a évidemment beaucoup. La première qui me vient à l'esprit est la question de l'emploi. C'est un gros problème. Le chômage frappe Seraing de plein fouet. Et la Ville ne joue pas son rôle. Même au niveau communal, on ne remplace plus les départs en pension. L’emploi diminue et les travailleurs qui restent sont de plus en plus mis sous pression. En développant l'emploi public, il y aura moins de chômage mais aussi une ville avec de meilleurs services.
Deuxièmement, le fait qu’à Seraing, beaucoup de quartiers dépérissent. Il ne reste plus que deux bureaux de poste pour 64 000 habitants, les banques aussi ferment, il manque des plaines de jeux…. Nous voulons des quartiers vivants et entretenus, avec des services et des commerces de proximité, des espaces verts et de rencontre, des activités pour les jeunes…
Comment voulez-vous y arriver ?
C'est avant tout un travail démocratique que nous voulons mener. Beaucoup de Serésiens en ont marre de vivre dans une ville où c’est l'intérêt des investisseurs privés et des promoteurs immobiliers qui prédomine. Nous ne voulons plus d’une politique "bling bling". Nous voulons mettre les Sérésiens et les Sérésiennes au cœur des décisions, reprendre l'avenir de notre ville en main. Quand on écoute les gens et leurs besoins, on se rend compte qu'ils ont plein de projets pour la ville, des propositions pour changer les choses. Beaucoup de gens rejoignent le PTB justement parce que nous sommes un parti à l’écoute et actif sur le terrain. Ils sentent qu’ensemble, on peut changer les choses.
Quelles sont vos ambitions pour les mois à venir ?
Nous démarrons en octobre une grande enquête communale. Notre but ? Interroger deux mille Sérésiennes et Sérésiens concernant leurs priorités. En même temps, nous voulons faire grandir la section du PTB. C’est nécessaire pour mieux porter nos revendications et nous faire entendre de la majorité. Prenons l’exemple des poubelles. Il a fallu ces dernières années 5000 pétitions, une manifestation de 350 personnes et une autre de 200 devant le conseil communal pour que les choses bougent un petit peu. Mais même avec ça, on n’a pas encore réussi à faire changer ce système inadapté et injuste de surfacturation. Nous allons donc mettre beaucoup d'énergie à construire un parti plus solide, plus fort, capable d'organiser plus de mobilisations pour que la voix des Sérésiens résonne et s’impose.