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Rien sur la privatisation et sur les rémunérations chez Nethys et ses fililales : voilà pourquoi nous votons contre les points de l’ordre du jour de l’Assemblée Générale de Publifin

Chers collègues conseillers communaux,

Je vais le dire d’emblée. Il semble que malgré la gravité de la situation, la mesure des demandes de la population n'est toujours pas prise au sérieux concernant le scandale Publifin/Nethys.

Après un tel tremblement de terre, la raison aurait voulu que des mesures drastiques soient prises. Et que la population soit entendue. Il n’en est malheureusement presque rien.

Le scandale Publifin/Nethys demande de résoudre deux problèmes fondamentaux : l’éthique et la privatisation de nos intercommunales. C'est l'Assemblée générale qui donne les orientations sur ces axes. Ce vote est donc important.

Sur la privatisation...

Commençons par la privatisation de nos intercommunales du gaz et de l’électricité. Il faut être clair sur ce qui a provoqué le scandale de Publifin/Nethys. La cause a un nom : c’est la privatisation de nos intercommunales de gaz et d'électricité en région liégeoise.

Pour rappel, avant Publifin, il y avait Tecteo. Et jusqu’en 2011, la distribution du gaz et de l’électricité étaient encore gérés comme une entreprise publique, comme à l’époque de l’ALE et de l’ALG. Or,  en juin 2012, le conseil d’administration de Tecteo a décidé–et je ne fais ici que citer le rapport annuel de « Tecteo » de l’année 2012-  « de créer les sociétés Resa services SA et Tecteo Services Group SA et de leur confier par la conclusion de conventions de services d’exploitation, la gestion opérationnelle, en ce compris les tâches stratégiques, et confidentielles, des activités du groupe ».  « Tecteo » deviendra « Publifin » en juin 2014. Et « Tecteo service société anonyme » deviendra la même année "Nethys".

Une petite traduction  ? En créant ces deux sociétés anonymes pour « les tâches stratégiques et confidentielles du groupe », ils vident l’intercommunale Tecteo de sa substance. Désormais, tout ce qui est gestion opérationnelle, stratégique et confidentiel, sera donné à des sociétés anonymes, privées. Sans contrôle public. Le mal était fait. Et de fil en aiguille, on en est arrivé à la structure d’aujourd’hui.

La structure est complexe. Mais comme une image vaut parfois mieux que de longs discours, je vais expliquer la structure de Publifin et Nethys en comparant notre intercommunale à une maison. Faisons-en une petite visite guidée.  Imaginez vous que sur la vitrine de cette maison, il y a une devanture sur laquelle est écrit Publifin. Vous ouvrez la porte. Tout le monde peut le faire d'ailleurs. C'est une intercommunale. Elle est publique. Le problème, c'est que la pièce est vide.  Au bout de la pièce, une porte, fermée à clef. Seuls les membres de la direction de Nethys ont de quoi ouvrir. Sur la porte, un grand cercle rouge bardé d'une barre blanche. Accès interdit. en dessous de ce signal d'interdiction, il est marqué « privé » et en dessous, "société anonyme Finanpart". Vous avez de la chance, vous avez les clefs. Vous ouvrez donc. Et devant vous, s'ouvre un espace. Ce n’est pas une pièce. C’est un couloir. Un sas même. Il est vide. Pas une seule fenêtre. Au bout de ce sas, une autre porte. Sur cette porte, même chose. Il est marqué : « privé ». Et en dessous, « société anonyme Nethys ». Vous ouvrez. Et là, c’est la caverne d’Ali Baba qui s'offre aux détenteurs des clés de ces deux portes. Tout ce qui est stratégique, opérationnel et confidentiel de notre intercommunale s’y trouve. Les 77 fililales de Nethys s'y retrouvent. Et seuls ceux qui ont les clefs décident de ce qu'on y fait. ceux qui ont les clefs ? Une poignée de personnes.

Avec ce montage, les dirigeants de Nethys peuvent faire ce qu’ils veulent avec nos intercommunales, avec notre argent. Il n’y a plus aucun contrôle. Ni sur les flux financiers. Ni sur la stratégie de la société. Avec notre magot, une petite clique va faire ce qu’elle veut. Y compris aller acheter des journaux dans le sud de la France. Y compris facturer les montants des rémunérations de l’intercommunale sur nos factures de gaz et d'électricité. Y compris oublier les missions de bhase d'un service public de qualité, à savoir des services de qualité à la population à un prix accessible.

Face à cette privatisation, la population ne demande qu’une chose. C’est qu’on revienne à une société 100 % publique pour garantir le contrôle public sur l’argent de la population, les services à la population et des prix démocratiques.

Or, que trouve-t-on dans les points à l’ordre du jour de l’assemblée générale qui nous est soumis au vote concernant les problèmes engendrés par la privatisation ?  Rien. Sauf ceci : « Le conseil d’administration propose à l’Assemblée générale de charger le nouveau Conseil d’administration, d’examiner toutes les pistes de réflexion quant au devenir de l’intercommunale ».

Une autre traduction ? Avec cette vote, on demande aux conseillers communaux de donner un chèque en blanc aux  nouveaux administrateurs de Publifin qui feront ce qu’ils veulent. Y compris privatiser encore plus. Ou mettre une partie de Nethys en bourse, comme l’a demandé le ministre wallon de l'économie Jean-Claude Marcourt.

Sur l'éthique...

Continuons sur l’éthique maintenant. L'assemblée générale va supprimer le bureau exécutif, le mandat de vice-président,  la possibilité de créer des comités de secteurs et sous-secteurs et généraliser à tous les membres du conseil d’administration des jetons de présence. C'est logique. Nous prenons acte. Il était temps.

Mais êtes-vous sûrs que cela suffit ? De notre côté, la réponse est évidente. Absolument pas. Premièrement, quand le scandale des comités de secteur a éclaté, la population a demandé le remboursement des sommes scandaleuses qui ont été versées (60 000 € pour 7 réunions) aux sociétés publiques. Nous n’avons toujours rien vu. Deuxièmement, et surtout, le texte ne se prononce pas sur les montants des émoluments (les salaires) versés aux administrateurs, des présidents et vice-présidents des sociétés dont Publifin est actionnaire. En étant actionnaire à 99,99 % de Finanpart qui est elle-même actionnaire à 99,99 % de Nethys, Publifin devrait pourtant avoir son mot à dire. Sur les rémunérations dans Nethys comme dans ses filiales où elle est actionnaire majoritaire.

Que disent les orientations de l'Assemblée générale soumises au vote à ce propos sur le salaire de 1 million € de Stéphane Moreau. Rien. Rien du tout... Ni en lisant les lignes. ni en lisant entre les lignes. Vous rigolez ou quoi ? C’est quand même avec notre argent qu’il se paye un salaire aussi scandaleux alors que d’autres citoyens se voient refuser le cpas dans nos communes. Que disent nos communes sur les salaires de président de toutes ces sociétés sont Publfin, via Nethys, est l’actionnaire majoritaire ? Comment vont se positionner par exemple nos communes sur les montants touchés par André Gilles dans les sociétés filiales de Publifin dont il est le président ? En acceptant cet ordre du jour, on n'accepte que les communes ne disent rien. Que disent-elles sur les salaires mirobolants gagnés par les directeurs de Nethys et autres filiales ? Sur les 600 000 € de Weekers, sur les 260 000 € de Bayer ? Et sur le reste ? Rien. Rien. Et rien.

Et vous voudriez que nous soyons rassurés et que nous donnions notre blanc-seing à ces nouvelles lignes directrices ? Ce sera sans nous.

Ce sera sans nous aussi parce que le PTB continue à être exclu du débat dans les intercommunales. En effet, tous les partis sont représentés dans le conseil d'administration de Publifin. Tous sauf un : le PTB. Pourtant, nous avons pourtant les conditions requises à savoir des élus communaux et régionaux. Dès lors, quel est le prétexte utilisé pour nous écarter ? PTB+, qui est le nom de la liste déposée en 2012 n’est pas la même que PTB-go qui est le nom de la liste déposée en 2014. En terme de mauvaise blague, il n’y a pas moyen de faire mieux.

Avec ce qui nous est présenté ce soir, il n’y a donc aucune garantie pour dire que les leçons de cette catastrophe sont tirées. Bien au contraire. Nous voterons contre cet ordre du jour. Car en fait, les solutions et les changements proposés ne disent rien sur l'essentiel. Et c'est une position que nous ne pouvons accepter.

Damien Robert

Chef de groupe PTB+ au conseil communal de Seraing